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Le Conseil Pastoral des Evêques du Tchad a dénoncé en 1976 la non compatibilité de l'excision des filles/femmes avec la foi catholique. C'est dans ce sens qu'en 2002, une lettre a été écrite pour rappeler la situation des filles et femmes ainsi que ce qui les avilisse afin de contribuer à l'élimination de l'excision. Une autre lettre pastorale de 2004 a suspendu l'excision au sein de l'église catholique et a déclaré que tout chrétien qui enverra sa fille et/ou sa femme à l'excision sera suspendu de ses activités religieuses et a invité les paroisses, les écoles catholiques à créer des foyers des filles pour les soutenir dans leurs scolarités. 

A ce jour, ces foyers sont installés à Sarh, Goundi, Djoli, Béboroh, Bedjondo, Koumra, Goré et Kyabé. 
Pour les promouvoir, des camps sont organisés chaque année dans un ou deux foyers pour regrouper les filles en les mettant hors des menaces de l'excision. La finalité est de créer des espaces d'expression et d'échanges. Ce regroupement des filles dénommé ‘'filles intègres'' est un cadre où les filles se retrouvent et mènent des activités de sensibilisation, de plaidoyer et de formation sur la thématique de l'excision. Le dernier camp auquel l'UNFPA a été invité s'est tenu du 4 au 11 Juillet 2016 à Koumra. Cette invitation fait suite aux séances de sensibilisation, de plaidoyer et à la caravane organisés par la Délégation du Ministère de la femme, de la famille et de la solidarité nationale du Mandoul avec l'appui de l'UNFPA en décembre 2015 à l'issue desquelles les chefs traditionnels et les chefs de rites de 21 communautés ont pris l'engagement d'abandonner l'excision et de faire la promotion de l'initiation des filles sans excision. Quelques témoignages des ‘'filles intègres'' de Koumra.

TEMOIGNAGES

S.R : Je suis orpheline de père et de mère, j'ai 11 ans. Après avoir refusé d'être excisée, ma tante paternelle refuse de payer ma scolarité et m'a renvoyé de chez elle. Je vis actuellement chez ma grand-mère, cette année, je ne peux aller à l'école, faute des moyens financiers.

A. N : Je suis orpheline de père et vis avec ma mère. Je fréquente l'école. Mon oncle paternel est venu me proposer l'excision. Pour me convaincre après mon refus, il promet de me payer cette année les frais de scolarité ainsi que les fournitures. J'ai fui pour venir au foyer à Koumra afin d'échapper aux menaces. Actuellement, j'ai 18 ans et je suis en classe de 2nde.

S. C : J'ai 14 ans, je passe pour la 5ème. Je suis orpheline et vis avec ma grand-mère. Mon oncle paternel veut me faire exciser, je disais que j'aller informer ma marraine, il me dit de ne pas le faire et qu'on aille voir d'abord mon grand-père au village avant de voir ma marraine, il m'a pris sur la moto, une fois au village, mes tantes m'ont maitrisées pour me faire exciser. Elles m'ont excisée de force et maintenant, mes parents me proposent le mariage parce que, pour eux, je suis déjà femme. Pour eux, l'école n'est pas nécessaire pour les filles.

L. M : J'ai 20 ans, je ne veux pas l'excision car tout ce que Dieu a créé est bon. Je suis chrétienne, ma tante veut me faire exciser et je lui ai dit si elle m'amène, c'est mon corps qui reviendra pour danser et elle m'a laissée. Pour échapper, je suis venue au foyer des filles.

TEMOIGNAGE DE LA SOEUR DE DIOCESE DE SARH

Je suis la sœur EDITH Rémadji. Je suis dans la Diocèse de Sarh. 
L'objectif que nous nous sommes fixés, c'est d'arriver à mettre sur pieds le groupe des filles intègres dans ces trois (03) paroisses. Les filles intègres se sont les filles qui refusent de se faire exciser. Dans les autres paroisses, nous avons déjà mis sur pied des groupes. Mais dans le Diocèse, il y'a quatre (04) paroisses qui n'ont pas encore ces groupes. 
Nous avons décidé de mettre en place ces groupes des filles intègres pour qu'à leur tour elles puissent sensibiliser les autres filles pour continuer cette lutte dans leur paroisse. 
Pour ce qui est du nombre des groupes des filles intègres misent en place, je peux dire que sur les 17 paroisses, 13 ont déjà chacun son groupe des filles intègres. De nos jours, nous pouvons environs 2000 filles intègres qui sont formées pour sensibiliser.
Les difficultés rencontrées sont nombreuses. Le but principal étant de maintenir ces filles pendant les vacances pour la sensibilisation. Nous avons aussi des difficultés financières. Nous voulons les aider à comment elles peuvent se prendre en charge, comment relever les défis, etc. parce qu'elles ont besoin d'être scolarisée, de faire des activités génératrices des revenues pour pouvoir se prendre en charge. Certes, nous les aidons à faire tout cela, mais d'une manière pratique, c'est difficile. Mais toutefois, nous sommes en train de faire ce que nous pouvons.
Pour les encadrer, d'abord en faisant le programme des activités, nous demandons des personnes externes pour les interventions. Nous avons aussi les marraines qui nous aident. Ainsi, nous avons un calendrier et nous le suivons intégralement.

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