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RÉSUMÉ ANALYTIQUE SUR LA CAMPAGNE VISANT Á METTRE FIN AU MARIAGE DES ENFANTS EN AFRIQUE: APPEL Á L’ACTION

 


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RÉSUMÉ ANALYTIQUE SUR LA CAMPAGNE VISANT Á METTRE FIN AU MARIAGE DES ENFANTS EN AFRIQUE: APPEL Á L’ACTION

“Nous devons mettre fin au mariage des enfants. Les filles qui se retrouvent mariées à un tendre âge sont obligées d’avoir des enfants alors qu’elles sont encore elles-mêmes des enfants.”

Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission de l’Union africaine lors de la Conférence internationale sur la planification familiale tenue à Addis Abeba en novembre 2013

 

Chaque année, environ 14 millions d'adolescentes sont mariées, presque toujours sous la contrainte de leurs parents. Dans les pays en développement, une fille sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans ; et une sur neuf avant d’atteindre 15 ans. Dans le monde, 41 pays ont un taux de prévalence du mariage des enfants de 30% ou plus, et sur ces 41 pays, 30 sont situés en Afrique[1]. .

Il existe une corrélation entre la pauvreté et le mariage des enfants, dans la mesure où les pays à taux de prévalence élevés de mariages des enfants ont tendance à enregistrer un faible PIB. Selon l'UNICEF, les filles vivant dans les 20% de ménages les plus pauvres en Côte d'Ivoire sont trois fois plus susceptibles d'être mariées avant l'âge de 18 ans par rapport aux filles des 20 % de ménages les plus riches, tandis qu'au Sénégal c’est quatre fois plus[2]. La pauvreté ainsi que la violence sexiste et la discrimination entre les sexes sont des facteurs clés du mariage des enfants.

Le mariage des enfants a des conséquences graves pour la santé ; les principales causes de mortalité et de morbidité chez les filles 15 à 19 ans sont la grossesse et l'accouchement. Les enfants épouses sont presque toujours mariées à des hommes plus âgés, et elles n'ont ni la stature ni les compétences nécessaires pour négocier les rapports sexuels ou le contrôle des naissances, le résultat étant des taux élevés de natalité et de mortalité maternelle et infantile ; des fistules obstétricales ; des naissances prématurées ; des mort-nés ; des maladies sexuellement transmissibles (y compris le cancer du col de l’utérus) et la violence domestique. Selon l'UNICEF, l'enfant d'une mère de moins de 18 ans a 60% plus de risque de mourir dans sa première année de vie[3].

Le mariage des enfants constitue également une violation des droits humains et influe non seulement sur la santé des filles, mais aussi sur leur droit à l'éducation. C’est pour cette raison que cette pratique a été incluse dans un certain nombre d'instruments juridiques aux niveaux continental et international, tels que la Charte africaine sur les droits et la protection de l'enfant, qui définit un enfant comme une personne âgée de moins de 18 ans, et la Charte africaine de la jeunesse qui définit un mineur comme une personne dont l’âge se situe entre 15 et 17 ans.

L'Union africaine favorise spécifiquement les politiques relatives aux droits des jeunes et a pour mandat, de par ses divers instruments susmentionnés ayant une incidence sur les droits des enfants et des jeunes, de promouvoir des normes communes en soutenant l'adaptation et la mise en œuvre de ces instruments au niveau régional et national, ainsi que leur suivi des progrès accomplis par les États membres, tout en veillant à l’obligation de rendre compte.

Dans cette perspective, la Commission de l'Union africaine lance, à l'initiative de la Présidente, Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, une campagne pour «Mettre fin au mariage des enfants en Afrique», qui se déroulera pendant deux ans dans un premier temps. Compte tenu du contexte socio- économique et culturel dans lequel le mariage des enfants a lieu, l'objectif principal de la campagne sera d'accélérer la fin du mariage des enfants en Afrique, en améliorant la sensibilisation à l’échelle continentale sur les effets du mariage des enfants. La campagne visera spécifiquement les objectifs suivants :

(i) mettre fin au mariage des enfants en soutenant l'action politique en matière de protection et de promotion des droits humains : encourager et soutenir les États membres de l'UA dans la formulation, le lancement et l’exécution des stratégies et programmes nationaux ;

(ii) Sensibiliser le continent sur le mariage des enfants et éliminer les obstacles et les goulots d'étranglement à l'application de la loi ;

(iii) Déterminer l'impact socio-économique du mariage des enfants ;

(iv) Accroître la capacité des acteurs non étatiques à entreprendre un plaidoyer politique fondé sur des données probantes, y compris le rôle du leadership des jeunes.

 

Cette campagne visera également à améliorer la mise en œuvre des instruments de l'UA relatifs à la question du mariage des enfants, parmi lesquels :

- La Charte africaine de la jeunesse ;

- La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant (1999) ;

- Le cadre directeur continental de l'UA pour la santé sexuelle et les droits liés à la reproduction et le Plan d'action de Maputo pour sa mise en œuvre ;

- La Campagne de l'UA pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile en Afrique (CARMMA) ;

- La Charte de la renaissance culturelle africaine ;

- La Décennie de la femme africaine et le Protocole de Maputo relatif aux droits de la femme en Afrique ;

- La 5e priorité stratégique du Plan stratégique de l'UA 2014-2017 ainsi que l'Agenda 2063 de l'UA.

Les principaux résultats attendus de cette campagne seront les suivants:

a) la réduction avérée du taux de mariage des enfants d'ici la fin de 2015, en particulier dans les pays où la campagne pour mettre fin au mariage des enfants aura été lancée ;

b) l’augmentation du nombre de pays qui examinent, adoptent et appliquent les législations nécessaires contre le mariage des enfants ;

c) l’accroissement du pourcentage d'adolescents ayant accès à des services de planification familiale, en particulier dans les pays où la campagne pour mettre fin au mariage des enfants aura été lancée ;

d) une plus grande implication de toutes les parties prenantes, y compris les communautés, le secteur privé et les organisations de la société civile ;

e) un système efficace de suivi et d'évaluation institué.

La campagne impliquera différentes parties prenantes au niveau des dirigeants – Commission de l’UA, États membres, législateurs – des parlementaires, des organismes chargés de l'application de la loi, des agences des Nations Unies, des organisations du secteur privé et des organisations de la société civile. En sa qualité de département chef de file, le Département des affaires sociales travaillera avec les partenaires pour renforcer ses propres capacités et celles des États membres, afin de pouvoir effectuer un plaidoyer efficace, assurer le suivi de la mise en œuvre des instruments politiques appropriés de l'UA et promouvoir la campagne pour mettre fin au mariage des enfants.

 


[1] Les pays concernés sont les suivants: Zimbabwe 31%; Sénégal 33%; Congo 33%; Gabon 33%; Soudan 34%; Sao Tome & Principe 34%; Bénin 34%; Côte d’Ivoire 34%; Mauritanie 35%; Gambie 36%; Cameroun 36%; Tanzanie 37; Liberia 38%; Nigeria 39%; RDC 39%; Ethiopie 41%; Zambie 42%; Somalie 45%; Ouganda 46%; Erythrée 47%; Burkina Faso 48%; Sierra Leone 48%; Madagascar 48%; Malawi 50%; Mozambique 52%; Mali 55%; République centrafricaine 61%; Guinée 63%; Tchad 72%; et Niger 75%. Source: Base de données de l’UNFPA utilisant les enquêtes sur les ménages (DHS et MICS) effectuées au cours de la période 2000-2011

[2] UNICEF (2005). Early Marriage: A Harmful Traditional Practice. UNICEF: New York.

[3] Child protection from violence, exploitation and abuse - http://www.unicef.org/protection/57929_58008.html