La fistule obstétricale est une affection qui survient lorsque le travail d'accouchement est prolongé et non traité, entraînant une perforation entre le vagin et la vessie ou le rectum. Cela peut entraîner une incontinence chronique, une stigmatisation sociale et d'autres problèmes de santé. La fistule obstétricale est une affection dévastatrice qui affecte des milliers de femmes chaque année, en particulier dans les régions où l'accès aux soins obstétricaux est limité.
Le nombre de cas est estimé au Tchad entre 500 à 1000 par an. Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), est à l'avant-garde de la lutte contre cette maladie au Tchad.
Léonie et Emeliane retrouvent le sourire après leur traitement de la fistule obstétricale dans un centre appuyé par UNFPA.
Au Tchad, le Fonds des Nations Unies pour la Population apporte un appui au Centre National de traitement de la Fistule Obstétricale avec des équipements médicaux essentiels et a formé le personnel pour aider à la prise en charge des femmes souffrant de fistule obstétricale. Ce soutien permet d'améliorer la qualité des soins offerts aux femmes et d'accroître la capacité du centre à traiter cette affection.
Retrouver le sourire après la fistule est possible. La situation vécue par Léonie et Emeliane atteste cette assertion. Voilà deux femmes qui ont vécu le calvaire de la fistule et son impact dévastateur sur leurs vies et surtout l’exclusion sociale dont elles ont fait l’objet. Heureusement elles ont pu s’en remettre de leur mal et retrouver la sérénité et le sourire.
Guérison et espoir
Lonoudjilargoto Léonie, 28 ans, est mariée et vit avec son époux à Bedjal un village non loin de Doba dans la province du Logone oriental au sud du Tchad. Elle a eu une fistule à la suite de son accouchement le 9 Août 2023. Elle raconte ce moment douloureux qu’elle a traversé.
J’avais eu un travail très prolongé. J’ai perdu mon enfant et même moi j’ai failli perdre la vie. Grâce à Dieu j’ai survécu mais j’ai eu la fistule obstétricale. J’étais rejetée par tout le monde y compris mes proches à cause de la mauvaise odeur qui se dégageait. Et j’étais contrainte à une vie de solitude, retranchée seule dans mon coin »,
disait Léonie d’un ton amer. Alors qu’elle sombrait dans ces ténèbres de douleur et d’angoisse, elle a été alertée par un infirmier qui lui indique l’existence du Centre National de Traitement de Fistule à N’Djamena. C’est ainsi que Léonie arrive à N’Djamena puis s’est fait opérer le 07 Mai 2024. Elle est désormais guérie de la fistule et ne cache pas son enthousiasme,
Cela me semble être un rêve. Je n’ai jamais imaginé retrouver à nouveau le bonheur et la joie de vivre. Je tiens à remercier les infirmières, les chirurgiens qui m’ont réparé et toutes les organisations qui sont impliquées pour la restauration de ma santé et de ma dignité. Que Dieu les bénisse ».
A côté de Léonie, une autre dame Emeliane est également heureuse de reconstituer sa vie brisée. Melom Emeliane a 18 ans aujourd’hui. Elle vient de Bekan un village à proximité de Goré dans le Logone oriental. Alors qu’elle était seulement âgée de 16 ans, on l’a donné en mariage. Au moment de l’accouchement après sa première grossesse, elle a eu une fistule obstétricale. Renvoyée par son mari, elle va éprouver des moments difficiles compte-tenu de son état.
J’ai vécu un profond traumatisme après ma maladie. Non seulement j’ai perdu mon enfant, mais j’ai eu la fistule. J’ai souffert dans ma chair et dans mon âme. Mon Mari m’a abandonnée et seule avec ma mère et sans ressource, nous essayons de survivre »
disait-elle la gorge nouée. Cette situation presque inespérée commence par battre retraite le jour où un parent de Emeliane l’informe du Centre de Traitement de la Fistule qui assure une prise en charge gratuite des victimes.
C’était un parent qui a annoncé à ma mère la présence du centre et celle-ci a décidé de me conduire jusqu’ici. »
informe Melom Emeline.
Melom Emeliane a été opérée au Centre National de Traitement de la Fistule de Ndjamena le 16 avril 2024. Elle a bénéficié d’une prise en charge adéquate qui lui a permis de retrouver sa santé. Désormais, elle retrouve son espoir à la vie ”
Je rends grâce à Dieu pour ma santé retrouvée. Je suis heureuse de retrouver une vie normale. Je pourrais désormais mettre en œuvre les projets que j’avais pour ma vie.”
L’action de l’UNFPA dans la lutte pour l’élimination de la fistule
Grâce à l’appui de l’UNFPA et aux centres de traitement de la fistule obstétricale, des milliers de femmes ont reçu le traitement dont elles ont besoin. Leur travail a un impact significatif sur la vie des femmes et contribue à la réalisation de l'égalité des sexes et de la santé maternelle. L’UNFPA considère le traitement de la fistule obstétricale comme une priorité pour promouvoir la santé, les droits et la dignité des femmes les plus vulnérables. Pour l’année 2023, 433 cas ont été opérés avec l’appui de l'UNFPA au Tchad.
L'UNFPA travaille à prévenir et à traiter la fistule obstétricale à travers une variété de programmes et d'initiatives telles que la formation des professionnels de la santé, le soutien aux services de maternité pour prévenir la fistule obstétricale, et l’aide à la réhabilitation et à la réintégration des femmes qui ont été traitées pour la fistule obstétricale.
Depuis vingt ans, l'UNFPA mène la Campagne mondiale pour l'élimination de la fistule, qui vise à éliminer la fistule d'ici 2030 par la prévention, le traitement, la réinsertion sociale des survivantes et des programmes de sensibilisation. L’UNFPA propose en collaboration avec d’autres partenaires une vision stratégique et un soutien technique au gouvernement pour l’élimination de la fistule obstétricale d’ici 2030.