14 heures. Nous sommes au quatrième (4ème) Centre Intégré de services Multisectoriels (CISM) de la ville de N’Djamena, le huitième (8ème) sur l’ensemble du pays, logé dans l’enceinte de l’Hôpital de l’amitié Tchad-Chine où les survivantes des violences basées sur le genre trouvent une prise en charge holistique. Le Directeur Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), Dr Sennen Hounton en mission au Tchad a échangé avec Amara, une survivante de violence basée sur le genre.
Teint clair, visage émacié, la jeune femme est assise au bout d’un banc dans la salle d’écoute. Après les salutations d’usage et quelques minutes de conversation, un climat de confiance s’installe très vite et elle raconte.
Je m’appelle Amara. J’ai 27 ans et j’habite à N’Djamena. Je suis diplômée d’une école professionnelle de la place. Mon mari me tapait depuis qu’il a pris une seconde épouse. Il me tourmentait et il ne subvient plus à mes besoins même les plus élémentaires. Il m’a privée de tout. Je ne reçois pas de visite. Pour un oui ou un non, il m’insultait. C’est même sur les réseaux sociaux que j’ai appris son mariage. Il peut s’absenter plusieurs mois sans venir à la maison. Il voyage avec sa nouvelle épouse et me laisse seule sans nourriture ni argent de condiments.
Le calvaire que vit Amara s’est accentué au moment du retour de voyage de son mari avec sa coépouse.
Il m’a d’abord battue, ensuite il m’a chassé de la maison tout en confisquant tous mes biens y compris mes habits et mes diplômes. Il refusa de me donner le papier de divorce. Et il me dit avec suffisance d’aller me plaindre là où bon me semble et personne ne peut l’obliger à me donner le papier de divorce’’,
a ajouté la jeune dame.
En femme battante, courageuse et lettrée, Amara s’est rendue à la maison de la femme pour chercher assistance. Delà elle a été orientée au Centre Intégré de services Multisectoriels. ‘’ Le centre m’a donnée espoir, j’ai eu l’aide, l’écoute et l’accompagnement nécessaire. J’ai pu récupérer mes diplômes et je suis dans un processus judiciaire de demande de divorce. Le centre m’a redonnée la force de continuer mon combat’’, se réjouit -elle. ‘’ Cependant elle reconnait que c’est pas du tout gagner.
Il y a le poids de la communauté. Elle n’a que le soutien de sa maman. Ses oncles l’ont abandonné du fait qu’elle a porté l’affaire devant les juridictions’’.
Comme Amara elles sont des milliers et de milliers de femmes Tchadiennes qui sous le poids de la société vivent cette situation de ni mariage, ni divorce. Plusieurs d’entre elles veulent se libérer de ce poids et recommencer une nouvelle vie.
Je voudrais que les femmes dénoncent de telles situations car nous avons également des droits et nous sommes protégés par la loi’’,
a-t-elle conclut.