Du 20 au 24 mai 2025, la ville de Farchana accueille un atelier de formation essentiel axé sur le Dispositif Minimum d'Urgence (DMU) et la préparation des réponses aux urgences humanitaires. Réunissant sages-femmes humanitaires, et assistants psychosociaux, cette initiative de l’UNFPA Tchad, en collaboration avec le ministère de la Santé publique et de la Prévention grâce au financement du gouvernement de la Corée du Sud vise à renforcer les compétences des intervenants de première ligne afin de réduire la mortalité maternelle et néonatale, soutenir dès les premières heures de la survenue d’une crise, les survivantes des violences basées sur le genre, et garantir un accès équitable à la santé sexuelle et reproductive.

Un contexte humanitaire exigeant

L’Est du Tchad est confronté à une crise prolongée caractérisée par des déplacements massifs, une pression sur les services de santé, et une vulnérabilité accrue des populations, notamment des femmes et des filles. Deux ans après le déclenchement de cette crise, on dénombre 832,831 réfugiés et retournés selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (mise à jour 19 mai 2025) sont accueillis dans 37 villages des provinces de l’Est notamment du Ouaddaï, du Sila, du Wadi Fira et de l’Ennedi Est. 

L'accès aux services de santé de reproduction est insuffisant aux regards des besoins des populations dont le nombre augmente de jour en jour. Ce qui expose la vie et la santé des femmes et des filles qui sont particulièrement vulnérables dans cette situation. De plus, les violences basées sur le genre sont une réalité brutale dans ce contexte de crise. Les femmes et les filles sont exposées à des traumatismes physiques et psychologiques profonds.

Dans ce contexte, les besoins en santé reproductive, en soutien psychosocial et en protection sont immenses. Le DMU, reconnu internationalement, est un outil clé pour répondre efficacement aux besoins essentiels dès les premières phases d’une urgence. L'initiative de renforcer les compétences des acteurs humanitaires de premières lignes sur le DMU s'avère donc très pertinente.

Des participants engagés et multidisciplinaires

Les sages-femmes humanitaires, médecins chefs des districts sanitaires et les agents psychosociaux de l’UNFPA  présents à l’Est du Tchad jouent un rôle crucial dans la prise en charge des femmes et des filles dans ce contexte de crise. En partageant leurs expériences et en recevant une formation actualisée, ces professionnels deviennent mieux outillés pour affronter les défis du terrain.

Le Dispositif Minimum d'Urgence est plus qu'un ensemble d'outils ; il est une feuille de route pour sauver des vies et préserver la dignité humaine en temps de crise. Il nous donne les moyens de prévenir la mortalité maternelle et néonatale évitable, de prendre en charge les victimes de violence basée sur le genre, de garantir l'accès à la contraception et de protéger la santé sexuelle et reproductive des populations affectées par la crise.

Nancy Singambaye Eywa, sage-femme humanitaire:

Cette formation m’a permis de mieux comprendre comment réagir de manière prompte et efficace dans des situations d’urgence. Partager, atténuer la douleur des survivantes et surtout protègerleur dignité, c’est ce que cette formation DMU m’a appris Je me sens plus préparée en tant que sage-femme humanitaire pour sauver des vies."  

Adam Abdelrahim, assistant psychosocial :

Nous avons appris des techniques essentielles pour accompagner les victimes de violences basées sur le genre et leur offrir une prise en charge complète. C’est vraiment une formation enrichissante qui a plus développer ma connaissance en tant qu' humanitaire "

 

Un pas de plus vers la dignité et la réduction des mortalité maternelle, néonatale et infantile

Alors que les crises humanitaires se multiplient, former les premiers répondants est d’une importance capitale. L’atelier de Farchana marque une avancée concrète pour garantir des soins respectueux, accessibles et adaptés aux besoins spécifiques des femmes et des filles touchées par la crise. En investissant dans les compétences locales, UNFPA et le ministère de la Santé publique et de la Prévention renforcent la capacité des sages-femmes humanitaires, médecins chefs des districts et les assistants psychosociaux à protéger la vie, la dignité et les droits fondamentaux en situation d’urgence. Cette initiative est un pas déterminant vers une meilleure prise en charge des populations vulnérables mais surtout vers la réduction de mortalité maternelle, néonatale et infantile dont la situation est alarmante au Tchad. Le ratio est respectivement de 748 décès pour 100 000 naissances vivantes pour la mortalité maternelle, 33 décès pour 1000 naissances vivantes pour la mortalité néonatale et 78 décès pour 1000 naissances vivantes pour la mortalité infantile. 

Dr Mahamoud Adam Ahmat, Médecin Chef de District d’Adré qui a pris part à cette  formation exprime sa satisfaction:

Cette formation a été extrêmement enrichissante et au-delà de mes attentes. Elle s’est révélée plus qu’utile car elle a rassemblé plusieurs secteurs clés, notamment la santé et le soutien psychosocial, dans une approche intégrée. Grâce à cette formation, j’ai pu actualiser mes connaissances en santé reproductive et renforcer mes capacités en matière de prévention et de réponse aux violences basées sur le genre (VBG). Ces acquis sont essentiels dans le contexte de la crise humanitaire que nous vivons dans notre zone. Ils me permettront de mieux coordonner les interventions et d’apporter une réponse plus efficace, holistique et adaptée aux besoins des populations affectées. Je remercie les organisateurs et formateurs pour la qualité du contenu et la richesse des échanges. »

Madame Achta Malloum Kadre,  cadre à la Direction de la santé de la reproduction  du Ministère de la santé publique et de prévention, facilitatrice de cette formation a indiqué l’importance de cette formation. Pour elle, les sages-femmes, en première ligne dans les structures de soins, doivent pouvoir répondre aux urgences avec des moyens efficaces et adaptés. Le DMU leur offre cette capacité d'action rapide et structurée, leur permettant de sauver des vies et d'assurer un accompagnement médical essentiel à celles qui en ont le plus besoin.  

En tant que facilitatrice de la formation sur le Dispositif Minimum d'Urgence (DMU) à Farchana, j'ai pu constater à quel point cet outil est crucial pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Dans un contexte de crise, où les ressources sont limitées et où les besoins des femmes et des filles restent souvent insatisfaits, le DMU représente une véritable bouée de sauvetage »,

a affirmé madame Achta Malloum Kadre